Royaume du Cambodge Allocution d'ouverture par Samdech HUN SEN Premier Ministre du Gouvernement Royal du Cambodge à la Réunion du Groupe Consultatif du Cambodge Phnom Penh, 20 juin 2002 |
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Excellence
Monsieur le Président Au
nom du gouvernement Royal du Cambodge (GRC) et en mon nom personnel,
j’ai l’honneur et le plaisir de vous souhaiter la bienvenue à cette
importante réunion. Une bienvenue chaleureuse à vous tous qui avez fait
le déplacement et qui êtes venus de loin pour être parmi nous aujourd’hui. Nous
voudrions exprimer nos remerciements à la Banque Mondiale pour avoir
accepté de tenir la réunion du Groupe Consultatif (GC) à Phnom Penh et
pour avoir pris les dispositions nécessaires au bon déroulement de cette
réunion. La sixième réunion de GC revêt une signification particulière
dans la mesure où elle se tient pour la première fois au Cambodge alors
que toutes les sessions précédentes ont été organisées à l’étranger.
Ainsi, les membres du GRC et les hauts responsables auront la possibilité
de participer et de suivre en grand nombre les travaux de cette réunion.
En outre, certains d’entre vous auront l’opportunité d’avoir des
contacts avec de nombreuses personnes au sein du gouvernement et de la
société civile à la fois dans cette salle et à l’extérieur pendant
votre séjour parmi nous. Vous aurez d’une part la possibilité
d’avoir une idée précise de la réalité de la société cambodgienne,
et d’autre part de multiples contacts avec les officiels, la presse, les
organisations de la société civile, ce qui permettrait à ces derniers
de connaître, comprendre et apprécier le processus de GC et de tirer
profit des opinions exprimées par nos partenaires au développement, ce
qui alimenterait la réflexion et guiderait les actions. Les
réunions annuelles du groupe consultatif pour le Cambodge
sont maintenant devenues des rencontres régulièrement établies
instituant un dialogue franc avec nos partenaires sur des sujets
d’importance cruciale dans le but de promouvoir le développement du
Cambodge et de guider le pays vers un futur meilleur. Il s’agit là
d’une occasion pour passer en revue les réalisations accomplies ainsi
que les actions qui restent à entreprendre dans le court et le long terme.
Ce serait alors opportun de considérer la situation au Cambodge d’une
manière globale et holistique, et pas seulement en terme de progrès ou
d’insuffisances relatifs à des projets ou programmes pris
individuellement. Comme c’était le cas dans le passé, le Gouvernement Royal ainsi que la Banque Mondiale et d’autres institutions ont préparé et fait circuler des documents de référence. Vous les avez sans doute étudiés et vous vous préparez peut être à y faire des commentaires. Je vous encouragerais tous d’être directs et francs dans vos commentaires et observations, car ce sera la seule façon d’avoir un dialogue ouvert et un débat constructif. En ce qui nous concerne, nous sommes reconnaissants pour les conseils et l’appui que vous nous avez accordés tout au long des dix dernières années. Nous savons que tous les commentaires que vous faites dans ce genre de forums sont destinés à favoriser la compréhension commune des problèmes, à trouver les solutions adéquates dans l’intérêt du Cambodge et de son peuple. Nous les considèrerons comme nous l’avons fait auparavant dans ce même esprit d’ouverture et de bonne volonté. Soyez donc aussi francs que possible. A cette séance d’ouverture, j‘ai pensé qu’il serait utile de vous donner un aperçu des progrès et des réalisations que nous avons accomplis et des actions qui restent à entreprendre. Tous les thèmes et sujets pourraient et devraient rentrer dans le cadre du débat. Certains
sujets revêtent une importance particulière et devraient être
considérés
dans toutes les discussions concernant le Cambodge. Ces sujets sont de mon
point de vue les suivants: maintien de la paix, de la stabilité politique
et de la tolérance; consolidation des principes et des pratiques
démocratiques;
renforcement de la gouvernance et de la bonne gestion des affaires
publiques à travers les réformes en cours et à venir; renforcement de
la sécurité, de l’ordre et du cadre légal; progrès macro-économiques;
gestion de l’environnement; promotion des investissements générateurs
d’emplois et de prospérité; accroissement des revenus et des fonds
budgétaires alloués au développement humain et social; cohérence
sociale ; correction des disparités économiques et sociales. Je voudrais
commenter ces divers sujets d’une manière générale et sans vous
encombrer de détails. Il
est important de se rappeler qu’il y a à peine dix ans la mission des
Nations Unies “UNTAC” avait élu domicile dans ce même immeuble. Les
parties en conflit en ce moment là venaient juste de signer l’accord de
paix de Paris. Les élections organisées par UNTAC une année plus tard
avaient permis l’installation du premier gouvernement royal du Cambodge.
Néanmoins, des problèmes de confiance et de mésentente avaient continue à
empoisonner la vie politique, économique et sociale du pays. Les Khmers
Rouges avaient fait défection et avaient continué de s’insurger dans
certaines régions du pays. La première coalition du Gouvernement Royal
était fragile et des problèmes se sont accumulés pour aboutir en fin de
compte à une crise politique au milieu de l’année 1997. Les élections
organisées en 1998 étaient les premières du genre jamais organisées
auparavant par les Cambodgiens eux-mêmes et étaient rendues possibles grâce
à la maturité et à la compréhension des différentes parties en
compétition.
En tant qu’initiative cambodgienne, même si elles étaient appuyées
par les partenaires extérieurs, les élections générales de 1998 n’étaient
en aucune façon influencée par l’extérieur et avaient jeté les bases
de la formation du gouvernement royal actuel. La menace des Khmers Rouges
s’est périclitée à la suite de la désintégration de leurs structures
militaires et politiques pendant les premiers mois suivant la prise de
fonction du nouveau gouvernement. Grâce à la persévérance, à la compréhension
et à l’esprit de compromis, le Cambodge et les Cambodgiens étaient
parvenus à jouir de la paix qu’ils n’avaient pas connue pendant de
longues décennies. Le peuple cambodgien apprécie à sa juste valeur la
stabilité politique qui prévaut aujourd’hui et considère qu’il
s’agit là d’une condition essentielle pour la paix à la réalisation
de laquelle il a fourni tant de sacrifices. Depuis
1993, nous avons connu une expansion exponentielle des médias en tant
qu’observateurs attentifs des évènements que vit le pays et sur
lesquels ils ont liberté d’émettre les opinions qui leur agréent. Nous
avons maintenant une presse écrite et électronique travaillant sans
restriction. La liberté d’expression et de réunion est garantie sans
aucune censure. De même, il y a plusieurs organisations de la société
civile travaillant dans divers domaines de la vie de la Nation: droits de
l’homme, développement social, environnement et bien d’autres
secteurs. En termes de liberté, le Cambodge est plus avancé que bon
nombre d’autres pays de la région.
Notre ferme volonté et adhérence à la démocratie ont représenté un facteur
déterminant pour la paix et la stabilité intérieures. J’ai eu l’occasion
de dire dans ce forum trois années auparavant que le compromis parmi les
différentes opinions, idéologies et approches pour promouvoir la cause
commune du Cambodge a été la clé de
notre évolution
démocratique avant, pendant et depuis UNTAC. Notre peuple a épousé les
principes et pratiques démocratiques et y reste fermement attaché,
sachant qu’il peut exprimer librement sa voix à travers les élections périodiques
et choisir ses représentants pour guider le pays et le mener avec
confiance sur la voie du progrès. Les élections de 1998 étaient qualifiées
de “miracle sur le Mékong”. Les élections communales qui étaient
organisées dans la paix et l’ordre pour les 1621 communes il y a
quelques mois étaient en effet un autre miracle rendu possible grâce à
la discipline et à l’engagement de tous les
Cambodgiens. Le peuple a
voté massivement, sans crainte ni intimidation d’aucune sorte. Les résultats
de ces élections, même si d’aucuns ont trouvé à redire sur leur
transparence, étaient en effet le reflet de la volonté du peuple et de
son choix librement exprimé. Avec
les élections communales et les nouvelles institutions qui ont en
résulté,
nous avons franchi une autre importante étape dans la gouvernance
publique. Depuis 1996, le Gouvernement royal a mis en oeuvre un programme
de décentralisation et de déconcentration des pouvoirs dans les
provinces et les communes. Cette expérience acquise de façon progressive
s’est avérée très positive et a été adoptée comme programme
national de politique. Un comité national pour appuyer les communes a été
établi pour mettre en œuvre la loi sur l’administration des communes
et la politique de décentralisation. Le gouvernement a aussi établi un
fonds pour les communes ayant pour ressources des allocations budgétaires
du gouvernement, des revenues fiscaux et non-fiscaux ainsi que des fonds
fournis par l’assistance extérieure. Le fonds des communes financera
les activités de développement local et des services publics. L’appui
ainsi envisagé pour aider les communes et les organisations villageoises
à financer leurs propres projets permettra de réduire d’autant la
charge qui incombait au gouvernement. Les ministères ne peuvent ni ne
doivent essayer de couvrir tous les besoins exprimés au niveau local. De
plus, la participation et l’engagement des communes et de la population
sont déterminants pour développer le sens de responsabilité et
d’appropriation et pour assurer la durabilité. Les
trois principales réalisations que je viens de mentionner,
à savoir, paix,
stabilité politique et démocratisation n’auraient pas été possible
sans la grâce, le bénévolat et la volonté de notre révère roi et père
du Cambodge moderne, Sa Majesté Samdech Preah NORODOM SIHANOUK, et Sa
Majesté Samdech Preah Reach Akkak Mohesei NORODOM MONINEATH SIHANOUK.
Tous les Cambodgiens sont reconnaissants
à jamais
à leurs Majestés et
prient pour qu’ils aient longue vie et pour qu’ils puissent continuer
à guider la Nation. Ceci
a été aussi possible grâce à la maturité des partis politiques qui
ont placé l’intérêt supérieur de la Nation au-dessus de tout. Je
les remercie de cette attitude civilisée et je les invite et encourage à
continuer ainsi pour les élections générales suivantes qui sont prévues
pour le 27 juillet 2003. Tous les partis politiques devraient agir d’une
façon pleinement responsable et le Cambodge ne devrait pas être
l’otage des intérêts et manœuvres politiques. Permettez-moi
d’émettre quelques commentaires sur une controverse qui pourrait
frapper les esprits de certains. Il s’agit du procès de ceux
responsables du génocide que le Cambodge a connu dans le passé. J’ai
toujours soutenu l’idée que toute solution à
ce problème doit être du
ressort du Cambodge tout en observant les normes internationalement
acceptées.
Après avoir passé la législation nécessaire pour assurer le procès et
l’adoption de cette législation par Sa Majesté le Roi, un nouveau
problème a émergé, et a abouti à la rupture des négociations. Nous
sommes conscients que si nous ne tirons pas les leçons du passé,
l’histoire se répètera. Ainsi, en réglant les problèmes du passé,
nous ne pouvons pas nous permettre de laisser notre destin entièrement
entre les mains des autres. Je suis convaincu que les Cambodgiens
devraient être compris et encouragés à
suivre leur propre voie pour résoudre
les problèmes du passé. Des négociations de haut niveau sont en cours
et se sont avérées très constructives. Nous sommes engagés pleinement
et sans équivoque à
poursuivre cette affaire de manière à
satisfaire
toutes les parties prenantes et en premier lieu le peuple cambodgien
victime du génocide. Je demanderais au monde entier de comprendre notre
position et d’avoir confiance en notre souhait sincère et en notre
capacité de régler le problème de manière satisfaisante. Gouvernance Publique et Etat de Droit J’avais
mentionné la gouvernance comme un domaine où nous avons réalisé des
progrès. Nous sommes convaincus que seule une gouvernance transparente,
prévisible et efficace peut faciliter et assurer l’ordre et la stabilité
tellement nécessaires pour permettre à la population de réaliser ses
aspirations et assurer à la Nation le progrès et la prospérité.
Conséquemment,
plusieurs mesures de réforme sont déjà en cours et d’autres se
trouvent à un stade avancé d’élaboration. Le
Gouvernement Royal du Cambodge est conscient que l’institutionnalisation
des codes de conduite et des lois et régulations qui déterminent
l’interaction humaine dans les problèmes de société représente une
haute importance pour la réalisation du développement durable. En effet,
des reformes pour renforcer la capacité institutionnelle du gouvernement
est une pré-condition fondamentale pour la croissance économique et
sociale de long terme. L’efficacité institutionnelle réduit les
incertitudes et les coûts, et permet de promouvoir les flux de capitaux
et de technologie, ce qui en retour permet d’alimenter la croissance
économique. Sur
la base de cette approche, le gouvernement royal s’est engagé dans un
programme de long terme de réformes du système juridique et judiciaire.
Depuis 1993, cent cinquante quatre lois ont été promulguées. Vingt
trois projets de lois se trouvent devant l’Assemblé Nationale pour
adoption. Nous nous penchons actuellement sur la formulation de nouveaux
projets de lois: Code des Procédures Pénales, Code Pénal, Code des Procédures
Civiles et le Code Civil. L’attention est également portée sur les
lois d’investissement et d’ordre économique, en particulier celles
relatives à l’adhésion du Cambodge à l’Organisation Mondiale du
Commerce. Un
Conseil pour les Réformes Juridique et Judiciaire a été créé et il
rend compte directement au Conseil Supérieur pour la Réforme de l’Etat
que je préside personnellement. Le précédent conseil de la réforme
judiciaire et l’unité en charge de la réforme juridique ont été
remplacés par le conseil précédemment mentionné présidé
conjointement par le Ministre d’Etat en charge du Conseil des Ministres
et du Président de la Cour Suprême. Des hauts responsables représentant
des ministères et des institutions publiques font partie de ce mécanisme,
y compris le Ministère de la Justice, le Bureau du Conseil des Ministres,
le Ministère de l’Economie et des Finances, le Ministère du Commerce,
le Conseil Supérieur de la Magistrature et le Conseil des Juristes. Le
conseil se réunira régulièrement pour piloter et suivre le programme de
réforme. Il est appuyé par des structures permanentes faisant office de
mécanisme de mise en oeuvre. S.E. Dith Munty, Président de la Cour
Suprême,
vous donnera un aperçu plus détaillé sur la stratégie de réforme. Les
ressources humaines représentent une importance cruciale dans nos efforts
visant à promouvoir le système judiciaire. Trente nouveaux juges
viennent d’être nommés et un tribunal du commerce et un tribunal
administratif seront créés en vue d’améliorer la performance des
tribunaux. En outre, un tribunal pilote sera choisi pour promouvoir
l’intégrité, l’impartialité et le professionnalisme des juges. Une
formation appropriée sera fournie pour les ressources humaines dans le
secteur judiciaire et ailleurs pour assurer une saine application des lois
et des règlements avec la transparence requise. Ceci devrait normalement
demander du temps pour créer des traditions, des pratiques et des
jurisprudences, mais nous sommes déterminés à accélérer le processus. Vous
seriez, Excellences, Mesdames et Messieurs d’accord que le travail nécessaire
à la reconstitution du système juridique et judiciaire est gigantesque.
Sa réussite nécessitera des capacités administratives et des ressources
colossales. C’est pour cette raison que je vous appelle tous à considérer
la possibilité de fournir une assistance technique et financière
appropriée à cette initiative. Le
gouvernement a déployé de grands efforts pour assurer une mise en oeuvre
efficace du Plan d’Action pour la Gouvernance et du plan actualisé
—GAP II-. Nous sommes conscients que la corruption au sein de
l’administration publique, que ce soit l’appareil judiciaire ou autre,
accroît les coûts des services rendus et réduit la prévisibilité et
prédictibilité dans l’application de la loi et la mise en oeuvre de la
politique du Gouvernement, de même qu’elle affecte l’égalité des
chances; tous ces facteurs étant essentiels pour la croissance économique
et le développement durable. Les salaires insuffisants dans le secteur
public sont un élément de taille dans cette équation et une solution
devrait leur être trouvée, ce qui requiert l’appui de nos partenaires.
Cependant, le Gouvernement considère que la promulgation de lois appropriées
et de règlements pour prévenir et sanctionner la corruption est cruciale
pour résoudre ce problème. Dans cet esprit, le Gouvernement Royal est déterminé
à finaliser le projet de loi contre la corruption avant la fin de juin
2003. Je suis confiant que cette loi fournira le cadre légal pour les
actions qui seront entreprises en vue d’améliorer les services publics.
Dans ce cadre, le Gouvernement a pris des mesures pour mettre en place la
cour des comptes qui est maintenant opérationnelle et qui s’est lancée
dans un vaste programme d’actions de vérification et d’audit visant
à assurer la transparence des opérations dans les principaux ministères
et institutions. Les
êtres humains sont les créateurs et bénéficiaires ultimes de richesses.
Le facteur humain est au centre de notre politique visant à renforcer nos
institutions et organisations gouvernementales. Nous avons débuté la
mise en oeuvre d’une stratégie devant remodeler la structure et la
taille de la fonction publique et améliorer la qualité des services
publics. Le
développement des capacités et de l’expertise technique au sein de
l’administration représente un facteur primordial pour la réussite des
réformes. Nous recommandons ainsi que les donateurs contribuent à développer
les capacités techniques nationales en accordant une plus grande
attention à l’appui direct aux initiatives du gouvernement pour le développement
des capacités humaines nationales et ce en lieu et place de l’assistance technique
traditionnelle. S.E. Sok An, Ministre d’Etat en
charge du Cabinet du Conseil des Ministres et Président du Conseil pour
la Réforme Administrative vous fournira de plus amples détails sur ces
questions. Consolidation
et poursuite d’une croissance économique rapide Excellences
Mesdames et Messieurs, Le
Gouvernement Royal du Cambodge s’approche de la fin de son mandat actuel.
Les années 1999/2002 ont constitué une période décisive pour le
programme de réforme caractérisé par la consolidation de la paix et de
la sécurité dans toutes les régions du pays et l’approfondissement et
l’élargissement des réformes à travers tous les secteurs: finances
publiques, secteur bancaire, administration, cadre légal, forces armées,
poursuite des réformes foncières, forestières et de pêche, et la
protection de l’environnement en vue de réaliser un développement
socioéconomique durable. Le
Cambodge a résolument mis en œuvre son programme de réformes économiques
et financières. Les résultats obtenus témoignent de cette détermination
et volonté de réforme. Je voudrais vous annoncer avec satisfaction que
les derniers indicateurs de notre performance économique sont réellement
encourageants. L’Institut National des Statistiques du Ministère du
Plan, avec l’assistance technique de la Banque Asiatique de
Développement,
a procédé à l’actualisation des données macroéconomiques. Il en
ressort que le Produit Intérieur Brut s’est accru de 7,7% en 2000
contre une estimation antérieure de 5,4%. En 2001, l’économie
cambodgienne a enregistré une croissance de 6,3% contre 5,3% estimés
précédemment. L’inflation moyenne s’est réduite du niveau déjà
bas de 0,5% en décembre 2000 à moins 0,5% en décembre
2001. Le taux de change du Riel vis-à-vis du dollar est resté stable. Ce
sont là des résultats très significatifs quant on connaît les désordres
financiers et la décélération des activités économiques que le monde
a connus pendant cette période. La
gouvernance a été renforcée dans la collecte des revenus grâce à
l’application des mesures relatives à la prévention des fuites,
notamment celles visant la lutte contre les fraudes et le renforcement des
services des douanes. J’ai pris moi-même la décision d’établir un mécanisme
inter-ministériel pour combattre les fraudes, fournir l’assistance
requise et renforcer la collaboration et coordination entre les forces
armées,
la police militaire, la police et les autorités locales, en vue
d’assurer le soutien nécessaire aux services de douanes dans leur lutte
contre les fraudes. En même temps le Gouvernement a pris des actions
supplémentaires pour améliorer la collecte des ressources non-fiscales
et a envisagé des mesures vigoureuses pour protéger les intérêts de
l’Etat et promouvoir la transparence dans la passation de contrats avec
le secteur privé. Au
plan des dépenses publiques, le Gouvernement Royal a formulé des
politiques et a réalisé des progrès significatifs dans la réorientation
des priorités et l’allocation de ressources budgétaires aux secteurs
sociaux et économiques, l’accroissement des investissements publics
dans
les infrastructures rurales; et l’établissement de responsabilités de
performance au sein des unités ayant la responsabilité de
l’utilisation des fonds budgétaires. Nous avons réalisé des progrès
encourageants dans l’accroissement des revenus et la compression des dépenses à
un niveau approprié de manière à maintenir la stabilité macro-économique,
et ce, grâce aux réformes fiscales et à une gestion rigoureuse du budget
de l’Etat. Afin de renforcer la gouvernance dans la gestion des dépenses
publiques, le GRC a décidé dans le même sillon de mettre en oeuvre les
procédures d’acquisition de biens et services pour les quatre ministères
prioritaires: Ministère de l’Education, Jeunesse et Sports, Ministère
de la Santé, Ministère de l’Agriculture, Forêts et Pêche, et Ministère
de Développement Rural. Le Gouvernement est déterminé à étendre la
couverture des procédures d’acquisition des biens et services dans les
quelques prochaines années une fois l’exécution du budget - et spécialement
la gestion de trésorerie- aura été renforcée. Dans cet esprit, j‘ai
donné instructions au Ministère de l’Economie et des Finances pour réaliser
une étude sur la possibilité d’étendre ces procédures aux principaux
ministères et institutions en 2003. Pour
récapituler, le GRC a atteint l’objectif de 6 à 7% de croissance
économique,
ce qui a permis de réaliser une avancée dans la lutte contre la pauvreté
et de consolider la base du développement durable. Notre
programme de développement et nos actions ont été et continueront d’être
fermement guidés par la vision, les politiques et les stratégies
contenues dans les documents et déclarations de politique: la stratégie
intérimaire de réduction de la pauvreté, le plan d’action pour la
gouvernance, la vision et plan de développement du secteur financier
2001/2010, et le 2éme plan de développement socio-économique
2001/2005. Ces documents présentent ensemble les principaux éléments de
stratégies et d’objectifs définis en vue de permettre au Cambodge
d’atteindre de nouveaux paliers de prospérité et de développement. Construire
les fondations pour un développement favorable aux pauvres Excellences,
Mesdames et Messieurs Nous
pouvons dire à ce stade que le mémento de croissance durable au Cambodge
est clairement défini. Cependant nous sommes d’avis que le peuple
cambodgien est en droit de tirer profit des fruits de la croissance. Le
défi réside certainement dans la mise des réformes au service des
pauvres. La réduction de la pauvreté exige de s’attaquer à ses causes
profondes par le biais de mesures appropriées, telles que: a) politique
de finances publiques qui augmente les revenus et oriente les dépenses en
faveur des investissements publics favorables aux pauvres ; b) croissance
économique durable et stabilité macro-économique; c) formulation et
mise en oeuvre de politiques sectorielles appropriées, y compris
l’attention à accorder au développement social par l’accroissement
des investissements dans la santé et l’éducation, la prise en compte
de l’égalité entre les hommes et les femmes, le développement des
minorités ethniques, la réforme foncière, la gestion durable des
ressources halieutiques et la protection de l’environnement. Alors que
les conseils des communes pourraient aller de l’avant dans
l’identification et la résolution des causes de la pauvreté au niveau
local, l’accroissement des investissements dans l’économie demeure
une condition sine qua non pour combattre la pauvreté. Notre
stratégie de développement accorde une place de choix à l’attraction
des investissements étrangers en créant et maintenant un environnement
favorable à ces investissements. En effet, le Cambodge pourrait bientôt
avoir besoin des investissements de vos pays d’une manière probablement
plus importante que l’assistance officielle pour le développement. Dans
ce sens, le GRC a pris des mesures importantes en améliorant le climat
d’investissement y compris l’amendement du code des investissements
pour simplifier les procédures d’approbation des projets et des
importations et exportations des marchandises et des équipements. De
plus, des efforts sont en cours pour compléter la réglementation par de
nouvelles lois telles que celle sur la comptabilité et l’audit des sociétés
pour renforcer la gouvernance. Ces actions peuvent promouvoir la
transparence et la prédictibilité concernant l’approbation, le suivi
et la mise en oeuvre des projets d’investissement. Le
GRC a renforcé la gestion économique et financière avec l’assistance
de nos partenaires au développement, par l’amélioration des services
de l’administration fiscale et douanière, de la gestion du budget et du
trésor public, des opérations de la banque centrale, des statistiques
économiques,
et le développement du cadre législatif pour les réformes monétaires
et financières, qui permettront de créer des conditions favorables pour
la poursuite et l’accélération des réformes. Dans le cadre de notre
nouvelle politique sociale, nous avons alloué une masse importante de
notre budget aux secteurs de l’éducation, de la santé, de
l’agriculture, et du développement rural, qui sont des secteurs
prioritaires et déterminants pour le progrès économique et l’équité
sociale. Au cours des cinq dernières années, nous avons plus que triplé
les déboursements budgétaires
pour la santé et presque triplé les dépenses
pour l’éducation. Nous projetons de plus de doubler les dépenses
sociales durant les trois prochaines années. De manière plus importante,
nous aurons à nous assurer que les performances seraient en rapport avec
l’accroissement des fonds budgétaires alloués à ces secteurs. Le GRC
est fermement engagé à améliorer le mécanisme de déboursement des
fonds budgétaires aux ministères prioritaires, et notamment le Ministère
de l’Education, Jeunesse et Sports et le Ministère de la Santé. Le
GRC s‘est attelé pendant de nombreuses années à mettre en oeuvre
“une stratégie de locomotion” visant à améliorer les
infrastructures de transport, notamment les routes et les ponts qui
constituent la base fondamentale de notre économie. Un réseau routier
plus complet sera opérationnel et permettra de mettre en valeur les
opportunités économiques et touristiques du Cambodge, faciliter le
transport des biens et services, promouvoir les investissements locaux et
étrangers et libérer les initiatives et les potentiels de l’économie
rurale. De plus, la réduction du coût du transport permettra de
promouvoir les emplois et les opportunités d’entreprenariat. Vous aurez
plus d’informations à propos des politiques macroéconomiques et des
stratégies en faveur des pauvres de la part de S.E. Keat Chhon, Ministre
d’Etat, Ministre de l’Economie et des Finances. Stratégie
de gestion durable de la forêt La
stratégie du secteur forestier vise à promouvoir une gestion durable des
ressources forestières axée sur les trois piliers suivants: i) politique
de gestion durable des concessions forestières, où l’exploitation du
bois est strictement contrôlée suivant les standards internationaux; ii)
un système de zones protégées pour préserver la biodiversité et protéger
les espèces en danger; iii) un programme de développement de
l’exploitation des ressources forestières par les communautés
villageoises. Je
souhaite que dans un futur proche, un nouveau code forestier intégrant
la stratégie du secteur forestier du Gouvernement soit promulgué. Nous
nous efforçons déjà de manière résolue à mettre en oeuvre la stratégie
de la forêt. Un moratoire a été déclaré sur les coupes de bois dans
les concessions n’ayant pas obtenu approbation de leur plan de gestion
et inventaires qui doivent être conformes aux pratiques de gestion
durable de la forêt. En
vue de renforcer le contrôle du bois précédemment coupé, tout
transport de bois par concession a été suspendu à partir de mai 2002.
Le contrôle du transport de bois sera amélioré grâce à l’adoption
d’un nouveau système électronique de vérification. J’ai signé il y
a quelques jours un sous-décret pour annuler une concession forestière
qui n’était pas en conformité avec les règlements en vigueur. Le
Gouvernement poursuivra vigoureusement cette attitude dans la gestion de
la forêt. Les
conditions de vie des populations pauvres seront améliorées par l’élargissement
de leur accès à la forêt, pêche, ressources en eau et autres biens
publics. Ainsi, la facilitation de l’accès aux ressources halieutiques
et en eau est d’importance cruciale pour améliorer la situation des
pauvres dans la région du Tonle Sap et les zones avoisinantes. Conscient
de l’importance de telles actions, le GRC a annulé ou réduit la taille
des réserves officielles de pêche pour améliorer l’accès des pauvres à la pêche traditionnelle dans certaines zones. Le Ministère de
l’Agriculture, Forêts et Pêche a formulé un nouveau code de pêche, un
plan directeur pour la pêche, un décret gouvernemental sur les
activités de pêche poursuivies par les communautés villageoises et les
ventes par enchère publique des réserves de pêche, et ce à la suite
d’un large processus de consultation avec l’ensemble des parties
concernées. S.E.
Chan Sarun, Ministre de l’Agriculture, Forêts et Pêche développera
pour vous l’ensemble de ces questions. Démobilisation Nous
demeurons fermement engagés à poursuivre la restructuration de nos forces
armées royales et à alléger ses effectifs. Il nous faudrait pour réussir
dans ce domaine comme dans tant d’autres, l’appui généreux de nos
partenaires extérieurs. L’intégration dans l’ordre et la discipline
des soldats démobilisés au sein de la société représente une
priorité.
Il n’en demeure pas moins que cela représente un programme de longue
haleine dans la mesure où cela nécessitera des changements dans les
habitudes, les attitudes, le savoir-faire et le mode de vie. Durant
l’année 2002, nous nous sommes engagés à démobiliser et réintégrer
un total de 30000 militaires. S.E. Sok An, Ministre d’Etat, Ministre
pour le Conseil des Ministres et Président du Conseil pour la Démobilisation
vous fournira plus de détails à
ce sujet. Promouvoir l’égalité entre les sexes Assurer
l’égalité et l’équité pour les femmes et les enfants est crucial
pour le développement durable, la justice sociale et la réduction de la
pauvreté au Cambodge. Les investissements en faveur des femmes résulteront
dans une meilleure santé et éducation des générations futures, une
plus grande efficacité économique et une réduction de la pauvreté.
Ainsi, les investissements en faveur des femmes et des enfants et l’amélioration
du statut politique, économique et social représentent des
investissements directs dans le futur du Cambodge. Par conséquent, nos
actions mettent l’accent sur la mise en oeuvre du plan stratégique
quinquennal, Neary Rattanak (les femmes sont des pierres précieuses) et
le programme “Construisons Ensemble: Vers la Réalisation de l’Equité
entre les Sexes et du Développement Social “. Relever les défis des réformes Je
vous ai présenté dans leurs grandes lignes les principaux progrès et réalisations
dans divers domaines. Nous savons plus que quiconque qu’il reste néanmoins
beaucoup à faire. Les
réalisations accomplies et les solides performances servent aussi à
mettre en exergue les nombreux problèmes et les défis qui restent à
surmonter et à relever afin de poursuivre notre programme de réforme et
de développement. Nous avons besoin de poursuivre les efforts visant à
améliorer la gouvernance si nous voulons obtenir des résultats tangibles
dans la lutte contre la pauvreté. De plus, nous devons promouvoir
davantage l’esprit de responsabilisation et être le maître d’ouvrage
de notre processus de développement. En
effet, les politiques de réformes dans l’ensemble des secteurs ont été
au centre de nos préoccupations et de nos efforts de développement.
Ainsi, nous avons accordé autant d’importance à la conception et au
choix des politiques appropriées qu’à leur application et mise en
oeuvre avec rigueur et discipline. La coordination et l’échange
d’informations au sein et entre les ministères devraient être
améliorés.
Le défi consistant à assurer que les systèmes de gouvernance
fonctionnent efficacement pour accroître l’accès aux connaissances
modernes et à la technologie devrait aussi âtre relevé. Afin
de surmonter systématiquement les défis qui se dressent devant nous,
nous accordons une attention particulière à la gestion efficace des
connaissances et des ressources humaines à travers la constitution d’une
fonction publique basée sur l’effort et la performance. Nous avons
aussi lancé des initiatives pour développer l’usage des technologies et
des méthodes électroniques au sein de l’administration. Nous avons très
certainement besoin d’une administration efficace qui peut répondre et
s’adapter aux changements rapides dans l’environnement international,
ainsi qu’aux exigences d’un secteur privé de plus en plus dynamique.
S.E Sok An, Ministre d’Etat, vous fournira plus de détails concernant
les stratégies et les actions du gouvernement pour la réforme de
l’administration. Je
voudrais souligner que dans tous ces efforts, nous avons établi un
programme précis et- des mécanismes pour gérer le processus de
changement. Nous travaillerons avec vigueur et détermination pour résoudre
—et non éviter-les problèmes. Nous avons bénéficié de conditions
favorables beaucoup plus qu’à n’importe quelle autre période de
notre histoire récente. La réalisation du développement durable et la réduction
du poids de la pauvreté demeure à
notre portée. Excellences Mesdames et Messieurs La
présentation que j‘ai faite devant vous aujourd’hui démontre sans
nul doute les étapes gigantesques que le Cambodge a franchies en une
dizaine d’années à peine. Nos efforts ont été intensifiés et accélérés
au cours des quatre dernières années, et cela a résulté dans une
transformation profonde de la société cambodgienne. Mais chaque étape à
laquelle nous parvenons fait surgir de nouveaux défis. Néanmoins, nous
maintenons fermement le cap et nous ne ménagerons aucun effort pour améliorer
chaque jour davantage les conditions de vie de notre peuple. Vous
êtes au pays d’Angkor Wat, de renommée internationale, et assez
proches des monuments attestant du passé glorieux du Cambodge. Beaucoup
d’entre vous avez sans doute visité ces monuments. Vous avez ainsi perçu
la beauté de ces édifices conçus par de grands cerveaux, planifiés et
chorégraphiés par des architectes compétents, et érigés par des
artisans qualifiés. Ils ont été construits pierre par pierre, pas en un
jour mais pendant plusieurs décennies. A l’exemple des bâtisseurs
d’Angkor Wat, nous sommes en train de construire le futur du Cambodge,
une pierre après l’autre, confiant dans notre détermination et volonté
ainsi que notre capacité à dépasser les problèmes et les obstacles. A
l’image de nos ancêtres, nous ne serons jamais découragés par
l’ampleur de la tâche ni par la complexité des problèmes. Au
contraire, nous continuerons sans relâche notre combat pour construire le
Cambodge moderne, dynamique et prospère. Nous
savons que nous avons parcouru un long chemin, certainement plus long que
ce que nous aurions imaginé dix ans plus tôt quand UNTAC s’est établi
ici, et peut-être plus que plusieurs autres nations ayant eu une
situation similaire. Nous ne devons pas cependant dormir sur nos lauriers.
Je promets que nous ne perdrons pas cette opportunité historique. Au
moment où vous commencez vos délibérations à cette réunion, je vous
demanderais de garder à l’esprit le registre de nos réalisations excédent
des fois les attentes et les projections, ainsi que les potentiels que recèle
notre pays et les promesses qui pointent à l’horizon. Vos conseils et
votre assistance ont été mis à profit et utilisés à bon escient malgré
certaines insuffisance ici et là. Vous pouvez rester assurés que nous
faisons encore bien meilleure utilisation de votre aide dans le futur. Pour
conclure, permettez-moi de vous remercier tous pour votre attention et
patience. Je n’ai pas voulu abuser de votre temps en abordant la
situation au Cambodge avec plus de détails. Mon intention est de vous
assurer de notre unité, sincérité et sérieux dans la poursuite de la
mise en oeuvre des mesures et des politiques. Le chemin bien que
clairement tracé, demeure long et difficile, et la solidarité de la
communauté internationale avec les aspirations du peuple cambodgien
continue d’être cruciale. Le
Gouvernement Royal du Cambodge est représenté à cette réunion du GC par
une délégation de haut niveau composée de personnalités expérimentées
et compétentes et dirigée par S.E. Keat Chhon. Les membres de la délégation
seront avec vous et partageront avec vous l’ensemble des éléments de
nos programmes et toutes les informations requises concernant les divers
aspects de notre situation socio-économique et des besoins d’assistance
pour le développement. Tout au long de la réunion, le Cambodge vous écoutera,
prendra notes avec la plus grande attention de tout ce que vous aurez à
dire et donnera à vos conseils toute la considération nécessaire. Je vous remercie vivement de votre aimable attention et vous souhaite plein succès dans vos travaux. |
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