2.3 RESULTATS DE LA POLITIQUE MONETAIRE ET FISCALE

 

71.  La politique financière et fiscale prudente du deuxième mandat du gouvernement royal (1998-2003) a permis de maîtriser l’inflation, maintenir un taux de change stable et d’appuyer la croissance économique. La croissance de la masse monétaire en 2003 est le résultat des actions menées par le gouvernement pour maintenir une position fiscale stable en dépit de l’incertitude politique. En 2003, les liquidités monétaires, mesurées en milliards, ont augmenté de 15% suite à une augmentation de 31% en 2002. Les principaux facteurs de croissance des liquidités incluent une augmentation de 15% des dépôts de devises des résidents et une augmentation de 18% des liquidités détenues hors système bancaire. Les actifs étrangers ont très légèrement augmenté, tandis que les actifs domestiques des banques ont progressé de manière significative. L’augmentation des actifs domestiques est liée à une hausse des crédits accordés au secteur privé, qui ont augmenté de 27% (72 millions US$) en 2003.

72.  La stabilité monétaire a été temporairement perturbée en avril 2003 suite à l’émission de bons du Trésor et à l’injection de Riels cambodgiens dans l’économie qui ont entraîné une chute de la valeur du Riel face au dollar américain. Le Riel s’est légèrement déprécié (2%) par rapport au dollar mais s’est rapidement stabilisé autour de 4000R. La stabilité monétaire a été rapidement restaurée et d’une manière générale, le taux de change s’est stabilisé en 2003 autour de 3.995-4.050 Riels/US$.

73.  La balance des paiements : dans son ensemble, la balance des paiements s’est détériorée en 2003, le déficit des comptes courants atteignant 10,2% du PIB. Cette détérioration est la conséquence de l’augmentation des prix du pétrole, de la baisse du nombre d’arrivées de touristes et des investissements directs étrangers due au SRAS, et de l’incertitude politique. Le déséquilibre fiscal croissant était lié à une dépréciation de 2% du Riel par rapport au dollar américain en mai et avril 2003, les réserves de l’Etat baissant de 10% en juillet 2003 suite à l’intervention de la Banque nationale du Cambodge pour soutenir le Riel cambodgien. De meilleurs contrôles fiscaux mis en place suite aux élections de juillet 2003 ont favorisé le retour progressif des dépôts en devises étrangères qui ont entraîné une augmentation des réserves de l’Etat de 663 millions de US$ en 2002 à 737 millions de US$ en 2003.

74.  Une sensible détérioration de la balance des paiements extérieurs est prévue pour 2004 suite à l’augmentation des prix du pétrole, qui a atteint plus de 50 US$ le baril en 2004. En conséquence, le déficit des comptes courants (hors transferts) devrait passer de 10,2% du PIB en 2003 à 10,8% du PIB en 2004. Cependant, parallèlement à l’augmentation attendue des investissements étrangers directs dus à une plus grande stabilité politique, les réserves en devises étrangères devraient atteindre 782 millions US$, soit 2,8 mois de couverture des importations d’ici à la fin 2004.

75.  Les accords de rééchelonnement de la dette passés avec les Etats-Unis et la Russie devraient permettre de réduire le service de la dette, mais pourraient éventuellement accroître la dette dans son ensemble. Le service de la dette extérieure du Cambodge aura un impact significatif sur la politique budgétaire et par conséquent, sur les objectifs de réduction de la pauvreté. On estime qu’en 2008, après le rééchelonnement des obligations pré-1993, la dette extérieure du Cambodge atteindra environ 48,9% du PIB et le remboursement de la dette correspondra à 2,6% des exportations de biens et services. L’incidence de la dette publique est relativement importante si l’on tient compte du faible ratio recettes/PIB. Le gouvernement royal poursuivra une politique prudente de gestion de la dette extérieure et évitera tout financement à taux non préférentiel dans un futur proche.

RECETTES

76.  Les progrès accomplis lors du second mandat du gouvernement royal (1998-2003) dans le domaine de la mise en œuvre des réformes structurelles, en particulier l’administration des recettes et la gestion des dépenses publiques, ont produit des résultats remarquables : les recettes intérieures ont régulièrement augmenté, de 8,1% du PIB en 1998 à 10,5% en 2001 et 11,1% en 2002. En 2002, le total des recettes intérieures a atteint 1.744,1 milliards de Riels (445.2 millions de  US$) contre 1.529,4 milliards de Riels (389,8 millions de US$) en 2001, soit une augmentation de 14,0%. Décomposition des recettes intérieures en 2002 : 1.227,2 milliards de Riels (313,2 millions de US$) de recettes fiscales, 500,6 milliards de Riels (127,8 millions de US$) de recettes non fiscales et 16,3 milliards de Riels (4,2 millions de US$) de la privatisation et autres sources.

77.  Cependant en 2003, l’augmentation des recettes s’est ralentie suite aux incertitudes liées aux élections législatives, à l’épidémie de SRAS dans la région, à la guerre en Irak et à l’inefficacité des mécanismes de perception des recettes. En 2003, le total des recettes s’élevait à 1.764,6 milliards de Riels (442,9 millions de US$), dont 1.220,1 milliards de Riels (306,3 millions de US$) de recettes fiscales, 513,1 milliards de Riels (128,8 millions de US$) de recettes non fiscales et 31,4 milliards de Riels (7,9 millions de US$) de recettes sur les biens de l’Etat.

78.  Bien que le total des recettes intérieures ait légèrement augmenté en 2003, atteignant 1.764,6 milliards de Riels contre 1.744,1 milliards en 2002 (une augmentation d’un peu plus de 1%), les recettes intérieures en pourcentage du PIB ont baissé, de 11,1% du PIB en 2002 à 10,5% en 2003. Les recettes fiscales ont chuté, de 7,8% du PIB en 2002 à 7,3% en 2003, tandis que les recettes non fiscales sont passées de 3,2% à 3,1% du PIB (Tableau 2).

79.  Ces cinq dernières années, le gouvernement royal a pris une série de mesures destinées à améliorer la perception des recettes et renforcer la gestion des finances publiques :

  • Meilleure application de la taxe de 10% sur les services de loisir ;

  • Mise en place d’un timbre fiscal pour les cigarettes ;

  • Création d’un département pour les gros contribuables (Large Taxpayers Unit -LTU) leur permettant de payer directement leurs impôts, par chèque ou transfert, sur le compte détenu par le Trésor Public à la BNC ;

  • Réduction des grilles tarifaires de 12 à 14, et abaissement du droit de douane plafond à 35% ; ces mesures étant accompagnées d’une augmentation parallèle des taxes dans un contexte global de restructuration des droits de douane ;

  • Application de la TVA sur toutes les ventes de gazole considérées comme des ventes au client final ;

  • Application de la TVA étendue à 150 compagnies supplémentaires ;

  • Renforcement de la coopération entre les agences concernées pour réduire la contrebande ;

  • Renforcement des procédures de recouvrement des arriérés fiscaux et non fiscaux, en particulier les arriérés concernant les télécommunications et les biens publics ;

  • Amélioration de la perception des frais de visa et introduction de visas autocollants ;

  • Révision du contrat pour la vente des tickets d’entrée aux sites d’Angkor ;

  • Création d’un groupe de travail, composé de représentants du ministère des Finances et des autres ministères concernés, comme organe de contrôle des baux accordés sur les biens de l’Etat, et de suivi pour la perception des paiements et des arriérés sur la location des biens publics ;

  • Elaboration d’un inventaire des biens de l’Etat.

DEPENSES PUBLIQUES

80.  Au cours de son second mandat, le gouvernement royal a énergiquement mis en œuvre son programme de réformes fiscales et une gestion rigoureuse du budget a permis d’aligner les dépenses publiques sur les recettes, assurant ainsi la stabilité macroéconomique. Une mise en œuvre avisée de la politique fiscale du gouvernement royal a joué un rôle essentiel dans le maintien des prix. Le gouvernement royal a pris des mesures spécifiques pour améliorer la gestion des dépenses publiques :

  • Faire disparaître les employés et les soldats fantômes des fichiers des salaires de la fonction publique, de la défense et de la sécurité ;

  • Recadrer les priorités budgétaires et consacrer des financements adéquats aux secteurs sociaux et économiques tels que l’éducation, la santé, l’agriculture et le développement rural ;

  • Renforcer la mise en œuvre du Programme d’action prioritaire (PAP) pour augmenter les affectations budgétaires destinées aux secteurs prioritaires ;

  • Augmenter les investissements publics dans le domaine des infrastructures rurales ;

  • Réparer et entretenir les routes nationales et les ponts, et renforcer la capacité institutionnelle.

81.  Ces cinq dernières années, le GR a dans l’ensemble réussi à maintenir le total des dépenses en deçà des objectifs, réduisant ainsi les besoins en financements intérieurs. Pendant cette période, le total des dépenses de l’Etat est resté inférieur au total des recettes perçues, tant en termes réels qu’en pourcentage du PIB. Le total des dépenses courantes représentait 8,0% du PIB en 1998, 8,35% en 1999, 8,8% en 2000, 9,7% en 2001, 10,05% en 2002 et 10,5% du PIB en 2003.

82.  La ventilation des dépenses de l’administration publique, de la défense et de la sécurité s’est considérablement modifiée entre 1998 et 2003. Les dépenses consacrées à la défense et à la sécurité sont passées de 3,9% du PIB en 1998 à 2,45% du PIB en 2003, tandis que les dépenses consacrées à l’administration publique ont augmenté, de 4,1% du PIB en 1998 à 8,0% en 2003.

83.  En 2002, le total des dépenses (résultats budgétaires) était de 2.963,2 milliards de Riels (756,3 millions de US$), dont 1.574.9 milliards de Riels (402,0 millions de US$) pour les dépenses courantes et 1.388,3 milliards de Riels (354,3 millions de US$) pour les dépenses d’investissement.

84.  La ventilation des 1.574,9 milliards de Riels de dépenses courantes consacrées en 2002 à l’administration publique, la défense et la sécurité se décompose comme suit :

  • Administration publique : 1.140,5 milliards de Riels (290,1 millions de US$), soit 72,4% du total des dépenses courantes ;

  • Défense et sécurité : 406,7 milliards de Riels (103,8 millions de US$), soit 25,8% du total des dépenses courantes ;

  • Intérêts sur les prêts : 27,6 milliards de Riels (7,0 millions de US$), soit 1,8% du total des dépenses courantes.            

85.  En termes de modification de la ventilation des dépenses courantes totales en 2002, les dépenses réelles pour :

  • La défense et la sécurité ont baissé de 2,5% comparé à 2001 ;

  • L’administration ont baissé de 7,5% comparé à 2001 ;

  • Les secteurs sociaux ont augmenté de 27,2% comparé à 2001. Les ministères concernés par l’appellation « secteurs sociaux » sont : l’Information, la Santé, l’Education, la Culture, l’Environnement, les Affaires sociales, l’Emploi et la formation professionnelle, les Cultes et la religion, la Condition féminine et les vétérans. Les dépenses du ministère de l’Education ont augmenté de 36,5% et celles du ministère de la Santé de 26,2% par rapport à 2001.

  • Les secteurs économiques ont augmenté de 6,6% comparé à 2001.

86.  En 2002, le total des dépenses (résultats budgétaires) s’élevait à 2.946,5 milliards de Riels (739,6 millions de US$), dont 1.758,1 milliards de Riels (441,3 millions de US$) pour les dépenses courantes et 1.188,4 milliards de Riels (298,3 millions US$) pour les dépenses globales.

87.  Ventilation des 1.758,2 milliards de Riels de dépenses courantes consacrées à l’administration publique, la défense, la sécurité et les intérêts sur les prêts :

  • Administration publique : 1.347,1 milliards de Riels (338,1 millions de US$), soit 74,7% du total des dépenses courantes ;

  • Défense et sécurité : 411,0 milliards de Riels (103,2 millions de US$), soit 23,4% du total des dépenses courantes ;

  • Intérêts sur prêts : 34,1 milliards de Riels (8,6 millions de US$), soit 1,9% du total des dépenses courantes.            

88.  En termes de modification de la ventilation des dépenses courantes totales en 2002, les dépenses réelles pour :

  • La défense et la sécurité ont augmenté de 1,1% comparé à 2002 ;

  • L’administration ont augmenté de 33,7% comparé à 2002 ;

  • Les secteurs sociaux ont augmenté de 5,6% comparé à 2002. Les dépenses du ministère de l’Education ont augmenté de 3,7% et celles du ministère de la Santé de 5,2% ;

  • Les secteurs économiques ont augmenté de 4,9% comparé à 2002.

89.  Les dépenses publiques ont augmenté en 2003 en raison du coût sous-estimé des élections législatives et du paiement de compensations aux entreprises thaïlandaises suite aux violentes manifestations qui se sont déroulées à Phnom Penh début 2003. Des dépenses plus élevées et des recettes intérieures plus faibles que prévues ont conduit à un déficit fiscal (hors aide au développement) de 7,0% du PIB en 2003. Pour rétablir l’équilibre, le ministère de l’Economie et des Finances prendra les mesures suivantes :

  • Renforcement du rôle du comité de gestion des liquidités (Cash Management Committee - CMC) ;

  • Création d’un groupe de travail sur la perception des recettes non fiscales, pour garantir que toutes les recettes non fiscales sont bien intégrées au Budget ;

  • Amélioration de la perception des recettes grâce au renforcement de l’administration des douanes et fiscale, la lutte contre la contrebande et du recouvrement des arriérés ;

  • Maintien des investissements et des dépenses de l’Etat dans le cadre des dépenses budgétées ;

  • Plus grande transparence dans l’octroi des contrats ;

  • Limitation des dépenses publiques liées aux dépenses d’investissement ;

  • Mise en œuvre efficace de la réforme de la gestion des finances publiques.

90.  Atteindre la pérennité fiscale en réduisant le déficit à moins de 2% du PIB est un défi pour le GRC. Le gouvernement royal est conscient de la nécessité de limiter les dépenses dans les domaines non prioritaires tout en accroissant la perception des recettes, particulièrement si les arriérés sont appelés à diminuer à moyen terme. Pour combler le déficit budgétaire, le gouvernement veillera à une compression substantielle des dépenses tout en augmentant les recettes d’au moins 11,9% du PIB en 2004. De nouvelles mesures fiscales seront nécessaires pour collecter un montant équivalent à environ 8,0% du PIB.                               


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